mercredi 25 septembre 2013

Alors on avait envie de jouer?

La séance de la semaine dernière m'avait laissé un goût de trop peu d'impro, sûrement dû au fait que nous étions beaucoup et qu'en grand bavard devant l'éternel j'en avais monopolisé une bonne partie en explications et débriefs divers.

Je me suis donc dit, l'objectif de ce soir est de faire jouer un maximum d'improvisations, car comme le dit l'adage, c'est en forgeant que l'on devient forgeron! N'ayant pas pu suivre vos impros je n'ai pas pu vous faire mes interminables commentaires et c'est donc à vous de faire l'effort d'avoir un regard sur ce qui s'est passé sur scène, ce qui a marché et ce qui a freiné l'évolution de l'impro. Il serait d'ailleurs intéressant de mettre en place une grille de relecture des impros avec quelques questions basiques à se poser après une improvisation ... mais ça sera l'objet d'un autre billet, et si vous avez des idées je suis preneur :D

Toutes ces improvisations ne sont bien sûr pas arrivées toutes seules, nous avons commencé par un Hiha, puis repris notre travail sur la narration d'histoire en commençant par un exercice qui avait pour but de mettre en évidence les différents moments d'une improvisation. Je me suis inspiré de cet article du site Le Caucus : http://lecaucus.wordpress.com/2012/09/01/apprendre-a-raconter-une-histoire-en-apprenant-a-ne-pas-tuer-une-histoire-1-lannulation/ que je vous encourage à lire. Il met en évidence 5 temps dans l'improvisation que l'on peut annoncer avec des débuts de phrases type:

    “Il était une fois…” (présentation du protagoniste)
    “Tous les jours…” (établissement d’une plateforme / stabilité)
    “Mais un jour…” (introduction du chaos)
    “Alors…” (conséquence / changement)
    “Depuis ce jour…” (établissent nouvelle stabilité)
   
L'objet de l'exercice était donc de raconter une histoire avec ces  5 débuts de phrase, tout d'abord tout seul, puis ensuite chacun son tour pour ressentir que l'on n'est pas seul maître de l'histoire et qu'il faut accepter les propositions des autres même si elles ne correspondent pas à ce que l'on avait en tête.

Ensuite nous avons fait un exercice de comblage des blancs. Une personne donnait 3 faits distincts et les autres devaient raconter une histoire cohérente qui incorporait ces 3 faits. Pour cet exercice nous avons noté que personne n'avait fait de saut dans l'espace ou dans le temps, que les histoires étaient toutes linéaires. Raconter une histoire avec des éléments qui se déroulent en parallèle dans des lieux différents ou bien avec des flashs back à d'autres moments permet pourtant de lui donner de l’épaisseur et évite aussi au spectateur de s’ennuyer sur une histoire trop linéaire (lisez Game of Throne pour voir l'effet de plusieurs histoires en parallèle qui s’entremêlent)

Enfin pour terminer ce debrief, je voudrais juste revenir sur les improvisations de 10 minutes que nous avons faites à la fin de la séance. Ce genre d'improvisation est très formateur car il montre beaucoup de travers des improvisateurs.
Dans l'histoire du samouraï, on annonce la fin de la quête dès le début de l'histoire ("Atteindre la montagne du destin pour trouver le sabre") et ensuite on comble l'improvisation de multiple freins et épreuves, pour que le sabre ne soit trouvé qu'au bout de 10 minutes. Et si ce sabre avait été trouvé dès le départ que se serait-il passé .... Beaucoup de choses que l'on n'a malheureusement pas eu le loisir d'imaginer. Dans les improvisations plus courtes on a aussi tendance à se rassurer en écrivant mentalement l'histoire, ou bien en l'écrivant entièrement lors du caucus,en lui donnant un but à atteindre. Derrière on se retrouve coincé car on ne sait que combler l'histoire pour atteindre ce but. Il faut à mon avis au contraire ne se faire aucun plan, venir juste avec un personnage, et ensuite se laisser porter par les choses qui arrivent en réagissant plutôt qu'en planifiant ... c'est ainsi que l'on peut aller sur des chemins que l'on aurait jamais imaginés.

Je termine quand même en vous remerciant pour l'énergie et la motivation que chacun apporte avec lui le lundi soir. Bonne semaine.

lundi 16 septembre 2013

De la necessité de s'interroger sur la cohérence des situations

Un petit débrief à chaud, comme ça c'est fait, et on en parle plus :D

Donc,  oui malgré le fait que le thème de la séance de ce soir était encore et toujours la narration d'une histoire avec la position du conteur et celle de l'acteur, ce n'est pourtant pas de cela que je souhaite débriefer.

On peut quand même en parler rapidement en disant  qu'une histoire bien contée est beaucoup plus facile à jouer à postériori (c'est marrant mais quand j'écris ça j'ai un peu l'impression de faire du Lapalisse). Bref, si le conteur définit clairement  ses personnages  et leur fait exécuter une succession d'actions, il devient alors simple pour les acteurs d'ensuite suivre ce fil conducteur pour jouer la scène décrite.
On remarquera que souvent les conteurs ont eu tendance à décrire les sentiments de leurs personnages. C'est quelque chose de très important lorsque l'on narre une histoire car cela permet de mettre une ambiance émotionnelle et ces émotions guident souvent les réactions des personnages. Par contre il faut garder à l'esprit que ces émotions doivent servir de levier pour faire basculer l'histoire et on ne doit pas rester dans la contemplation morne et sauvage (oui ça veut rien dire je sais!) du personnage qui se morfond sans réagir. L'important est que le conteur apporte du contenu à l'histoire, que des événements arrivent, les acteurs apporteront de leur côté la partie émotionnelle.

Ceci étant dit, passons maintenant à ce qui m'a le plus interpelé ce soir. Non je vous rassure, ce n'est pas le fait que tout le monde ne connaisse pas l'intégrale des oeuvres d'Alexandre Dumas, surtout ce magnifique ouvrage paru en 1835, "Souvenirs d'Antony" :P.  Non ce qui m'a le plus marqué, et c'est que trop souvent on accepte que des choses étonnantes arrivent sur scène sans s'en occuper un instant.
Il est vrai qu'en improvisation théâtrale on peut tout faire (et malheureusement trop souvent n'importe quoi ;D) mais pour le spectateur qui regarde l'histoire il faut que les choses gardent de la cohérence, que les choses étonnantes soient justifiées. Dans une impro il se passe beaucoup de choses, et on doit être en réaction par rapport à ces choses, de la même façon qu'on le serait dans la vie. Et bien souvent c'est ce qui permet la première connexion entre deux joueurs.

En repensant à l'improvisation de Julien et Albert, dont le thème était le cousin d'Amérique, on se rend compte que là aussi beaucoup de choses peuvent paraître bizarres. Comment un gars qui débarque d'un avion pour retrouver sa famille, dont un certain Paulo, se retrouve à ne vouloir qu'une seule chose, participer à un spectacle de music hall. Vous me direz que tout cela est possible, mais de là à dire plausible c'est moins sûr. Toujours est-il que le spectateur peut s'interroger sur le pourquoi du revirement du personnage et que de fait ce revirement doit avoir sa justification (Paulo est décédé et on reprend le flambeau où en fait il était parti en Amérique pour apprendre à chevaucher le bison car depuis tout gosse il rêvait de faire ses preuves et de reprendre l'affaire familliale ... etc...)

Avec tout ça je sens que vous allez dire que je suis trop critique et que je cherche la petite bête un peu partout, mais justement je pense que c'est une qualité qu'il faut développer. Il faut constamment s'interroger sur la cohérence de l'histoire, chaque élément ne peut pas être déposé tel quel sans justification et il faut réagir à ce qui n'a pas de justification.

Ce sens critique doit se développer bien sûr lorsque l'on joue des impros mais aussi et surtout lorsque l'on est spectateur, que l'on lit un livre, que l'on regarde un film. A tout moment il faut pouvoir se dire, ça colle ou pas? Et se sentir gêné quand ça ne colle pas.

Allez, histoire de terminer ce débrief et pour reboucler sur Alexandre Dumas, je vous encourage à aller faire un tour sur google books où une grande partie de ces œuvres est disponible. Rien qu'en lisant le début de ses romans, vous pourrez voir de quelle façon il savait mettre en place une situation et poser des atmosphères.

mardi 10 septembre 2013

Un grand pouvoir incombe de grandes responsabilités



Mon dieu! Je n'aurai jamais cru que j'aurai utilisé cette phrase si chère à mon enfant bercée par Spiderman et autres super-héros pour parler de théâtre d'impro.
Mais la séance d'hier soir m'a fait penser à ça!!

Non rassurez vous, je ne me sens pas investi d'un si grand pouvoir en tant qu'animateur des premières séances de l'année et donc en charge de l'accueil de nos nouvelles recrues! La bonne humeur habituelle et l'énergie qui règnent dans l'asso font tout le travail et je suis sûr que toutes les charmantes jeune femmes que nous avons reçues hier (Hi Tang, Jezabelle, Mathilde, Christelle et Guenola) seront du même avis que moi ... et oui notre Lolo a fait des ravages au forum des assos!

Non si je parle de grand pouvoir et de grandes responsabilités c'est pour parler du rôle du conteur! Et oui le conteur ne serait-il pas un super héros de l'improvisation?! Un petit rappel de ce que ses super pouvoirs lui permettent de faire:
      - poser une situation claire en début d'improvisation où chaque personnage connait son rôle et ses liens avec les autres (combien d'improvisations sont ratées car les personnages n'arrivent pas à se connecter?)
      - faire avancer l'histoire quand celle-ci patauge car les improvisateurs se sont tout dit et ne trouvent pas la sortie vers une autre intrigue. Il peut d'une seule phrase faire avancer l'histoire à vitesse grand V dans le temps et dans l'espace
      - conclure l'improvisation par une cholie petite morale .... ah des chutes, combien en avons-nous ratées?
  
Hier soir nous avons même découvert un nouveau super pouvoir du conteur:
      - il peut clarifier les choses, expliquer ce que les acteurs n'ont pas dit, ou sous-entendent, et apporter des réponses rapides aux questions que les spectateurs se posent. Il est en somme le gardien de la cohérence de l'impro!!!!!

Et c'est la que les responsabilités arrivent!!! Non de diou!! Et oui le conteur a pour tache de s'assurer que l'histoire reste compréhensible par le spectateur. Il doit, tout en jouant, être critique sur les éléments qu'apportent les acteurs et savoir reprendre la main pour les clarifier, expliquer si ceux la ne lui paraissent pas assez clair.

Par exemple, on est à la terrasse d'un café en train de discuter et tout à coup un martien débarque sur sa soucoupe volante pour commander un verre de pastis ..... sans en dire plus! Les bons camarades qui sont sur scène ne s'offusquent pas, ne voulant pas qu'un refus de la proposition ne soit taxé de rudesse!! A ce moment tout public éclairé se pose bien évidemment la question : "mais que vient donc faire ce martien à Marseille?!" ..... et le conteur doit lui aussi se poser cette question et si aucun acteur n'apporte la réponse, il est de sa responsabilité d'y répondre en bondissant à l'avant scène et en reprenant la main, pour par exemple une jolie diatribe sur les habitants de la planète Mars qui suite à une guerre de l'énergie se retrouvent à court de carburant pour faire fonctionner leurs usines et qu'un savant a trouvé dans le pastis Marseillais un substitut pour cette énergie. C'est donc pour ça que notre ami Martien Spub a été envoyé sur terre, précisément à Marseille pour voler le secret du pastis si jalousement gardé.
Et voilà-t-y pas une impro qui démarre moyennement qui se transforme en une aventure inter spatiale où les habitants du vieux port seront peut être kidnappés pour être emmenés sur Mars et livrés à d'immondes tortures afin de les voir donner leur secret.

Mais pour cela il faut que le conteur soit extrêmement vigilant sur l'évolution de l'histoire et soit capable de détecter les piétinements éventuels et sache trouver la répartie pour expliquer rationnellement toute situation loufoque.

On aura encore bien des occasions de reparler de tout cela dans le prochaine séance, mais tout d'abord je profite aussi de ce billet pour remercier tout le monde pour le dynamisme et l'énergie que vous avez mis dans les 2 premières séances. C'est grave chouette!

N'hésitez pas à me faire des retours sur les séances, notamment si vous trouvez que le temps de jeu est trop court et que je débriefe trop. J’essaie d'en dire un peu pour tous, les débutants comme les plus aguerris, mais je sais bien que l'on apprend jamais autant que lorsque l'on expérimente les choses par soi-même. Je vais réfléchir au truc de mon côté mais si vous avez des idées pour me faire taire, n'hésitez pas !!! :D

A lundi prochain pour la suite!
 

mardi 3 septembre 2013

Et voilà c'est reparti pour un tour!

Je sais pas pour vous, mais moi ça m'avait bien manqué de passer mes lundis soir à Ancenis et ce fut un grand plaisir de revoir tous ces gens tout bronzés et remontés à bloc pour une super année d'impro.
Et comme il faut bien débuter l'année en bon élève, je vous fais donc un chti débrief de la séance d'hier pour ceux qui sont restés un peu plus sous les tropiques et ceux qui préparaient la rentrée de leurs chères têtes blondes ou bien des nôtres!

Donc commençons par le commencement en disant que c'est moi que vous allez subir pour animer les séances pour un gros mois et demi .... ça va saigner!! Non rassurez vous j'ai pris de bonnes résolutions cet été, et mon fouet n'est pas encore de sortie. Pour ces 8 séances je compte vous proposer de travailler sur 3 axes :
  - la construction d'une histoire .... et y a de quoi en dire
  - presenter aux nouveaux les notions centrales de l'impro que sont : l'écoute, l'acceptation, la proposition et l'évasion
  - le travail du banc qui doit toujours rester alerte et au service des impros.

Ceci étant dit, nous avont fait un petit tour de présentation de chacun pour Anthony et Fabrice qui faisaient leur première séance hier puis un charmant Cowboy afin d'entrer dans leurs têtes les prénoms de chacun.
Ensuite pour faire monter la sauce nous avons continué par un Hiha, puis une déambulation dans l'espace avec des actions et des phrases à dire en fonction de ce que je disais/faisais.
Quel plaisir d'entendre tout le monde me crier : "A vos odres chef", "Veuillez entrer votre majesté", ou bien mon préféré "S'il ne devait un rester qu'un, ce serait toi!". Nous avons terminé cela par un peu de mime avec l'ouverture et la fermeture de portes, le portage (et non pas lachage!) de caisses, l'escalade de mur, le tour de lampadaire et enfin un épuisement progressif.

Après nous avons repris avec l'exercice "Tu fais quoi là?", où chacun mime ce que son voisin lui a dit qu'il faisait. On a pu se rendre compte qu'il faut savoir mimer quelque chose, même de simple tout en restant prêt à répondre à une question anodine.

Puis nous avons commencé à parler du travail de construction d'une histoire, chacun à son tour s'est avancé pour apporter un nouvel élément de l'histoire. On a pu identifier trois grands temps, la situation initiale, la montée de l'intrigue puis la conclusion. Nous avons donc travaillé ensuite en groupe de trois où chacun devait à son tour prendre l'un de ses temps, afin de bien ressentir ce qu'ils contiennent.

Après cela nous avons fait un travail sur le conte avec des impros à 2, ou l'un était le conteur et l'autre l'acteur du conte. Le but étant de bien cerner le rôle de l'un et de l'autre tout en gardant à l'esprit qu'il devait y avoir un équilibre dans la construction de l'histoire, chacun avec ses moyens. Le conteur ayant de son côté la force de pouvoir jouer avec le temps et l'espace très simplement par de courtes phrases narratives et l'acteur lui pouvant apporter une charge émotionnelle à l'histoire.

Ensuite histoire de finir la séance, nous avons joué 3 petites impros de 3 minutes avec pour thèmes: "un cri dans la nuit", "château de sable" et "oiseau de malheur".

En gros c'était trop chouette! A lundi prochain pour la suite!!