lundi 16 septembre 2013

De la necessité de s'interroger sur la cohérence des situations

Un petit débrief à chaud, comme ça c'est fait, et on en parle plus :D

Donc,  oui malgré le fait que le thème de la séance de ce soir était encore et toujours la narration d'une histoire avec la position du conteur et celle de l'acteur, ce n'est pourtant pas de cela que je souhaite débriefer.

On peut quand même en parler rapidement en disant  qu'une histoire bien contée est beaucoup plus facile à jouer à postériori (c'est marrant mais quand j'écris ça j'ai un peu l'impression de faire du Lapalisse). Bref, si le conteur définit clairement  ses personnages  et leur fait exécuter une succession d'actions, il devient alors simple pour les acteurs d'ensuite suivre ce fil conducteur pour jouer la scène décrite.
On remarquera que souvent les conteurs ont eu tendance à décrire les sentiments de leurs personnages. C'est quelque chose de très important lorsque l'on narre une histoire car cela permet de mettre une ambiance émotionnelle et ces émotions guident souvent les réactions des personnages. Par contre il faut garder à l'esprit que ces émotions doivent servir de levier pour faire basculer l'histoire et on ne doit pas rester dans la contemplation morne et sauvage (oui ça veut rien dire je sais!) du personnage qui se morfond sans réagir. L'important est que le conteur apporte du contenu à l'histoire, que des événements arrivent, les acteurs apporteront de leur côté la partie émotionnelle.

Ceci étant dit, passons maintenant à ce qui m'a le plus interpelé ce soir. Non je vous rassure, ce n'est pas le fait que tout le monde ne connaisse pas l'intégrale des oeuvres d'Alexandre Dumas, surtout ce magnifique ouvrage paru en 1835, "Souvenirs d'Antony" :P.  Non ce qui m'a le plus marqué, et c'est que trop souvent on accepte que des choses étonnantes arrivent sur scène sans s'en occuper un instant.
Il est vrai qu'en improvisation théâtrale on peut tout faire (et malheureusement trop souvent n'importe quoi ;D) mais pour le spectateur qui regarde l'histoire il faut que les choses gardent de la cohérence, que les choses étonnantes soient justifiées. Dans une impro il se passe beaucoup de choses, et on doit être en réaction par rapport à ces choses, de la même façon qu'on le serait dans la vie. Et bien souvent c'est ce qui permet la première connexion entre deux joueurs.

En repensant à l'improvisation de Julien et Albert, dont le thème était le cousin d'Amérique, on se rend compte que là aussi beaucoup de choses peuvent paraître bizarres. Comment un gars qui débarque d'un avion pour retrouver sa famille, dont un certain Paulo, se retrouve à ne vouloir qu'une seule chose, participer à un spectacle de music hall. Vous me direz que tout cela est possible, mais de là à dire plausible c'est moins sûr. Toujours est-il que le spectateur peut s'interroger sur le pourquoi du revirement du personnage et que de fait ce revirement doit avoir sa justification (Paulo est décédé et on reprend le flambeau où en fait il était parti en Amérique pour apprendre à chevaucher le bison car depuis tout gosse il rêvait de faire ses preuves et de reprendre l'affaire familliale ... etc...)

Avec tout ça je sens que vous allez dire que je suis trop critique et que je cherche la petite bête un peu partout, mais justement je pense que c'est une qualité qu'il faut développer. Il faut constamment s'interroger sur la cohérence de l'histoire, chaque élément ne peut pas être déposé tel quel sans justification et il faut réagir à ce qui n'a pas de justification.

Ce sens critique doit se développer bien sûr lorsque l'on joue des impros mais aussi et surtout lorsque l'on est spectateur, que l'on lit un livre, que l'on regarde un film. A tout moment il faut pouvoir se dire, ça colle ou pas? Et se sentir gêné quand ça ne colle pas.

Allez, histoire de terminer ce débrief et pour reboucler sur Alexandre Dumas, je vous encourage à aller faire un tour sur google books où une grande partie de ces œuvres est disponible. Rien qu'en lisant le début de ses romans, vous pourrez voir de quelle façon il savait mettre en place une situation et poser des atmosphères.

5 commentaires:

Anthony a dit…

Merci Ian pour ton commentaire et surtout pour tes liens qui m'ont fait découvrir ton site qui semble être une mine d'or de réflexion sur l'improvisation théatrale.

Je vais y jeter un oeil alerte car je sens qu'il y a beaucoup à y découvrir.

Anthony

Raf a dit…

Contemplation morne et sauvage... I will never forget these words Anthony. Yop Antho, tout juste comme à chaque fois, bien souvent tout est là dès le début, et il faut savoir regadrer, écouter, se taire alors qu'on est sur scène pour analyser ça. Par exemple la scène du général, où on aurait pu avoir une succession de manières d'éviter l'enrôlement pour la Pyrie, plutôt qu'une double fin à la Scoubidou avec un chameau et un cactus nageant masqué!
N'ayant produit que peu de choses hier, je m'en vais au vent mauvais dans la contemplation morne et sauvage de mon lit...

Unknown a dit…

Encore une très bonne séance d'Antho qui donne vraiment envie de progresser et de surpasser cette année !!!

Fabrice a dit…

Ce qui donne cette envie de progresser et de se surpasser ? certainement le niveau des nouveaux :)

Anthony a dit…

Faut pas avoir de complexes Fabrice, on a tous commencé un jour!